Exposition du 29 mai au 27 juin 2021
Vernissage samedi 29 mai 18h00-20h30
PROLOGUES
Voyages entre deux mers, d'une plage à l'autre, plage entre les plages, sur les chemins et à côté. Prologues en forme de fragments d'une mémoire des pas, des trajets, des paysages défilants du train ; et dont le fil des pensées sont ces mots, typographiés, inscription d'une machine à écrire qui chercherait "le milieu de l'Atlantique" où "s'arrête la page". Ce fil de pensées en forme de bandelettes, tenues, maintenues, retenues, par de petits bouts de papier adhésif jaune. Bandelettes en forme de légendes et, parfois, rappelant certains voyages entre les îles - Avant la lettre. Un peu plus loin, un peu avant, c'est bien Philémon que l'on voit passer et probablement Anatole, son âne compagnon, c'est pas bien loin.
Au fil des pages, au fil des jours et peut-être d'un jour pas si lointain, mais aussi fort ancien, l'empereur Kublai Khan dirait (aurait dit) (dira) à Marco Polo "Moi aussi, je veux reconstruire en direction de la côte la ville au nom du songe"... exemple parfait de fragment mémoriel relié à la relecture d'une phrase apocryphe échappée des plages, des pages des brouillons des Villes Invisibles. Mémoire d'un fragment que Gwenola Furic aurait pu reconstruire, en rendant visite, sur ce littoral, à un Palomar.
Voyages oniriques, incitations à d'autres voyages, histoires racontées, entre deux côtes - de l'azur à l'émeraude... de l'argent à l'opale - que l'on reconnaît, où l'on se reconnaît, où l'on se retrouve, "dans l'tourbillon de la vie". Au fil des jours, au fil des pages, petits dédales de photographies et de textes, entremêlées, Prologues en découpis d'une vie, d'une histoire, d'histoires d'une vie que Gwenola Furic reconstruit, remodèle pour son plaisir, pour notre plaisir, pour nos désirs.
Xavier Martel
Sanda, décembre 2018
Le chemin du renard
Un jour de mars 2017, sur le chemin de l’école.
Joseph a 9 ans.
« Oh, maman, regarde comme c’est beau ! On dirait un mariage. Il faut que tu prennes une photo. »
Ce que je fais sur-le-champ, avec lui dans le cadre, au milieu de ces fleurs tombées qui ont tant plu à ses yeux.
Quelques jours plus tard, on observe longuement une souris morte, au milieu du trottoir. C’est dommage, ce jour-là, je n’ai pas de quoi photographier cette scène.
Alors, les autres jours, je prends mon appareil dans la poche, au cas où.
Pendant trois ans, avec la participation active de Joseph, on fait des photos sur ce chemin. A pied, à vélo, en trottinette, en skate, on adore ce moment de complicité et de partage. On regarde les couleurs, la brume sur le canal et les marais ; on remarque les jours qui s’allongent ou qui diminuent ; on parle de sujets graves ou drôles ; on cueille des fleurs ; j’apprends le nom de figures de freeride.
Je prends des photos à l’aller, et puis aussi sur le chemin du retour où je suis seule.
Je n'en prends pas tous les jours.
Un moment particulier de cette cheminerie, comme on dit ici : le passage des ponts. Au-dessus de la voie ferrée, le long de la « fabrique à nuages », puis au-dessus du canal, où on rêve souvent qu’on passe d’un monde à un autre, sur une passerelle suspendue entre ciel et eau.
Un jour de juillet 2019, c’est le dernier jour d’école de Joseph. En septembre, il entre au collège.
Gwenola Furic
Pour en voir plus : #jojosurlechemindelécole sur Instagram.
*En gallo (fére le rena), comme en breton (skol al louarn), le renard c’est celui qui fait l’école buissonnière.