©Samuel Hense

Expositions de photographies
DANS LE BOIS DU POULIGUEN
du 21 juin au 14 septembre 2025

MIEUX PRODUIRE, MIEUX DIFFUSER,

L’année 2025 a été marquée par une baisse importante des budgets dans le milieu de la culture, la galerie HASY ne fait pas exception avec 100% de baisse de la région Pays de la Loire. Déterminé à ne pas baisser les bras et convaincu de l’utilité sociale de diffuser la culture partout et pour tous, j’ai souhaité répondre d’une façon éco-responsable à l’invitation de la mairie du Pouliguen qui souhaitait depuis de nombreuses années proposer une exposition en plein air.

Éco-responsable, une responsabilité économique et écologique.

En produisant nous-même au Pouliguen tous les tirages grâce aux équipements du centre photographique HASY nous maîtrisons le procédé de production, son coût et son impact écologique. Les tirages jet d’encre pigmentaire sont réalisés sur un papier peint intissé qui se colle à l’aide d’eau, comme un timbre.

En utilisant les panneaux électoraux, mobilier déjà disponible en mairie, nous évitons d’investir dans de nouveaux supports onéreux et difficilement stockables. Expérimentons, ici dans le bois du Pouliguen, une façon originale, économique et écologique de diffuser la photographie tout en gardant une grande exigence dans le rendu et surtout en plaçant le travail des artistes en premier.

Thierry Merré Directeur

De la côte

Aurore Bagarry

Depuis une quinzaine d’années, Aurore Bagarry photographie les formations sculpturales des glaciers des Alpes, du littoral rocheux de la Manche et plus récemment des côtes de l’Atlantique, en passant par la Gironde et la Bretagne jusqu’à la Martinique et la Guadeloupe.

Le répertoire de formes ainsi produit renvoie à une pratique déjà amplement présente chez les pionniers de la photographie de la fin du XIXe siècle — typologies, herbiers ou inventaires — qui visait souvent autant à documenter la nature qu’à la domestiquer. Si le rocambolesque des expéditions est estompé par le progrès des moyens de locomotion, le matériel photographique imposant qu’elle utilise aujourd’hui encore s’en approche. À la chambre photographique, c’est avec la même obsession du détail, la réfraction des couleurs ou encore le bruissement des lumières qu’elle tente de renouer. Ce qui se joue dans les photographies d’Aurore Bagarry nous emporte à la confluence d’éléments en apparence impossibles à réconcilier, vers le vertige du temps, celui d’une Terre vieille de plusieurs milliards d’années qui rencontre et éprouve le temps des hommes, infime en comparaison. Le littoral est le lieu privilégié d’une réflexion sur le temps : il incarne à la fois la mémoire des changements lents et l’urgence des transformations actuelles. La fluidité de l’eau, sa douceur, sa forme qui épouse le sol par le bas pourraient nous faire croire à sa candeur : elle contourne, passive. Mais c’est bien elle, en douceur, qui dessine les cavernes et les crevasses. La roche se découpe par plans nettement articulés et laisse voir les couches qui ont poussé les unes contre les autres pendant des millénaires. Le vent souffle du continent et repousse l’océan avant qu’il ne se couche, féroce encore, sur le granite. Le sol se déforme, les dalles de pierre glissent les unes sous les autres, le minéral s’érode.

Les végétaux luttent avec la flèche du temps. Les photographies de paysage d’Aurore Bagarry ne se réduisent pas au témoignage géologique ou à un jeu d’échelles, elles n’énoncent pas et ne défendent pas la promesse d’une théorie, mais elles ouvrent un dialogue entre l’intérieur et l’extérieur, vers une immensité dont les forces nous dépassent.

Le projet De la côte a été réalisé dans le cadre de la résidence de recherche et création « Grand Ouest » soutenue par la Fondation d’entreprise Neuflize OBC et les Ateliers Médicis et avec l’aide individuelle à la création de la DRAC Bretagne.

100 pages
ISBN 9791094060483

Février 2025

Éditions GwinZegal

“Île de rêve et rêves d’ailleurs”

Samuel HENSE (Photographies)

Pascaline VALLÉE (Textes et enregistrements sonores)

C’est une île de carte postale. 75 km² de terres à la végétation luxuriante, entourées d’un lagon aux infinies nuances de bleu. Ici, le thermomètre descend rarement en-dessous de 25 degrés. La terre et la mer offrent de quoi nourrir quiconque sait en tirer partie. Pour peu d’avoir accès à un bateau, il est très facile de s’offrir la solitude d’une plage de sable blanc. Et si les anciens falés aux toits de feuilles de pandanus tendent à disparaître, il reste assez de chapelles encadrées de cocotiers pour trouver aux paysages un charme pittoresque. Malgré tous ces attraits, Wallis, confetti jeté au milieu du Pacifique avec ses petites sœurs Futuna et Alofi, n’accueille quasiment pas de touristes. A l’inverse, l’île ne cesse de perdre des habitants. Le dernier recensement, réalisé en 2023, y comptabilise 8 088 habitants (à peine plus de 11 000 sur l’ensemble des circonscriptions de ce Territoire d’Outre-Mer) et accuse une perte d’un quart de la population depuis 2003.

Sur l’île, les débouchés professionnels se comptent sur les doigts d’une main. Réaliser ses rêves passe par l’exil, même si cela déchire le cœur. Beaucoup iront en Nouvelle-Calédonie, où résident déjà plus de 20 000 membres de la communauté, ou en métropole, à 16 000 km du fenua, leur île natale. Le plus souvent, on part une fois le bac en poche, mais les personnes âgées aussi s’exilent, rejoignant enfants et petits-enfants. Pour les familles qui restent, leur absence a la couleur du parpaing : les maisons abandonnées par centaines, vite regagnées par la végétation, jalonnent les routes et chemins de Wallis. Certaines ont été laissées en cours de construction, attestant seulement de la propriété d’une terre.

L’avenir, c’est la jeunesse, dit-on. Ici, l’avenir ne cesse de faire ses bagages, n’aspirant qu’à une chose : quitter le soi-disant paradis, l’ennui et les idées noires, le chômage et l’isolement. Leur projet ? Étudier, s’engager dans l’armée, pratiquer un sport de compétition (le rugby, le volley, le handball...), s’installer. Le manque de débouchés n’est pas la seule raison de quitter Wallis. La République n’est pas la seule à y faire loi. Le pouvoir est partagé avec la chefferie, ou plutôt les chefferies : depuis 2005, deux rois revendiquent le titre, entraînant une profonde division sociale. Cette société patriarcale et clanique intervient dans de nombreux domaines, notamment les questions de propriété ou judiciaires, et reste attachée à des normes de bienséance d’un autre âge, héritées des missionnaires chrétiens. Un système qui pèse sur les épaules des jeunes hommes et des jeunes femmes. En compagnie des adultes, ils et elles gardent souvent la tête baissée, se contentent de peu de mots quand on les interroge.

Jeunes ou moins jeunes, une petite partie reviendront pourtant, plus ou moins rapidement, travailler dans l’administration, s’occuper des personnes âgées de la famille, ou simplement profiter du cadre confortable de leur terre natale. Faut-il avoir été ailleurs pour se sentir bien ici? « Ici, on est libre », nous répondent souvent les insulaires. En creusant, on comprend qu’il s’agit d’une liberté des petites choses : aller à la plage quand on veut, conduire sans permis, ne pas attacher sa ceinture. Et puis il y a la liberté de ne pas avoir à se soucier d’autres choses : de loyer ou de charges, puisque être né à Wallis donne droit à une terre sur laquelle bâtir sa maison comme on l’entend et qu’il n’y a ici ni cadastre ni taxes foncières ; de frais de santé puisque l’accès aux soins est entièrement gratuit.

Comment évoluera Wallis si sa population continue à baisser? Parmi les craintes de cette petite communauté, figurent la montée des prix, la perte des traditions ou encore la fermeture d’écoles et la suppression d’emplois. Depuis le COVID, quelques jeunes actifs reviennent avec des projets d’entreprises et de vie familiale. S’agit-il de cas exceptionnels ou du début de l’inversion de la tendance?

Texte Pascaline Vallée

«Rolleiflex dans une main, Folding des années 30 dans l’autre, le photographe Samuel Hense a parcouru pendant un mois et demi la petite île de Wallis, île principale du TOM le plus éloigné de la métropole. Ce territoire paradisiaque, qu’il a connu il y a 25 ans, ne cesse de voir sa population diminuer. Avec Pascaline Vallée, autrice et journaliste, il est parti à la rencontre des Wallisien.nes, avec pour objectif de raconter les liens qui les unissent à leur île natale.»

VISITES COMMENTÉES tous les vendredis à 14h30

RDV entrée située rue du bois. (à partir du 18 juillet)

Plein Phare est proposé et produit par HASY avec le soutient de la ville du Pouliguen

et du Ministère de la culture dans le cadre d’été culturel 2025